Enquête sur un phénomène post-pandémie
En 2020, dans le silence des rues confinées, un autre son résonnait dans les foyers : celui de nouveaux aboiements, ronronnements et petits pas curieux. En France comme ailleurs, la pandémie de Covid-19 a entraîné une explosion des adoptions d’animaux de compagnie. Chiens, chats, lapins, furets… des dizaines de milliers de foyers ont sauté le pas.
Mais trois ans plus tard, que reste-t-il de cet élan ? Entre attachement profond, remords et réalités post-pandémie, retour sur un phénomène inédit — et ses conséquences à long terme.
Un boom sans précédent : les animaux du confinement
Entre 2020 et 2021, les refuges et associations ont vu leurs adoptions grimper en flèche. À la SPA française, le taux d’adoption a bondi de +20 % par rapport à 2019. Même constat en Belgique, au Canada ou encore aux États-Unis. Certaines structures affichaient complet, un fait presque inimaginable avant la pandémie.
Pourquoi cet engouement soudain ?
Les raisons étaient multiples, souvent émotionnelles :
Isolement prolongé → besoin d’une présence affective.
Télétravail généralisé → plus de temps pour s’occuper d’un animal.
Routines rassurantes → promenades quotidiennes avec un chien, câlins réconfortants avec un chat.
Recherche de sens → beaucoup ont vu dans l’adoption une manière d’apporter du positif à une période sombre.
Sur les réseaux, les publications se multipliaient :
« On pense adopter un chien maintenant qu’on est souvent à la maison. »
« C’est le bon moment pour prendre un chaton, non ? On aura le temps de l’éduquer. »
Des animaux de refuge, mais aussi des chiots et chatons provenant d’élevages ou de portées « maison », ont ainsi intégré les foyers à un rythme inédit.
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Le retour à la normale : quand la réalité reprend ses droits
À partir de fin 2021, le soufflet retombe. Le retour progressif au bureau, la reprise des voyages, des événements… ont bouleversé l’organisation de nombreux adoptants.
Le résultat ?
Une hausse inquiétante des abandons.
En 2022, la SPA évoquait +15 % d’abandons par rapport à l’avant-Covid. D’autres structures locales confirment une surcharge chronique, notamment en été.
Pourquoi ces retours douloureux ?
Anxiété de séparation : des chiens habitués à une présence constante se sont retrouvés seuls, entraînant destruction, malpropreté, aboiements…
Lire : Ce que votre chien ressent vraiment quand vous partezMauvaise socialisation : certains chiots, mal exposés au monde extérieur durant le confinement, développent peurs ou comportements agressifs. Certains foyers, mal préparés aux contraintes quotidiennes, se sont retrouvés débordés par les besoins de leur nouvel animal, en particulier lorsqu’il s’agissait d’un jeune chiot, avec ses propres défis dès les premières semaines.
À lire : Les besoins essentiels d’un chiot les premiers mois : guide pour bien démarrerChoix impulsif : l’adoption faite sur un coup de tête, sans réelle prise en compte des contraintes de temps, d’espace ou de budget.
Changements de vie : séparations, déménagements, crises économiques…
Certaines races se sont révélées particulièrement difficiles à gérer dans ce contexte :
Le Border Collie, très intelligent mais vite frustré.
Le Berger Australien, infatigable et sensible à l’ennui.
Le Berger Allemand ou le Malinois, qui ont besoin d’un cadre strict et de beaucoup d’activité.
À découvrir : Quelle race de chien choisir selon son mode de vie ?
Même constat côté chats, qui ont parfois développé des habitudes nocturnes difficiles à vivre pour des humains de retour au bureau :
Voir : Pourquoi mon chat me réveille la nuit ? (et comment l’en empêcher)
Des liens solides : l’autre visage du phénomène
Heureusement, tous n’ont pas été abandonnés. Bien au contraire.
Un sondage IFOP de 2023 révélait que 78 % des personnes ayant adopté un animal durant le confinement vivent toujours avec lui et n’imaginent pas leur vie autrement.
« Il a sauvé ma santé mentale. Même si j’ai repris le travail, je m’organise pour ne jamais le laisser seul trop longtemps. »
Ces animaux, souvent adoptés dans un moment de fragilité, sont devenus des piliers affectifs. Des histoires émouvantes fleurissent sur les réseaux, avec anniversaires d’adoption fêtés, albums photo, et même des comptes Instagram ou TikTok dédiés.
Certaines races ont su s’adapter plus facilement :
Le Golden Retriever, équilibré, affectueux, facile à vivre.
Lire : Golden Retriever : l’ami doux de toute la familleLe Cavalier King Charles, parfait chien d’intérieur.
Lire : Cavalier King Charles : le charme à l’anglaiseLe Bouledogue Français, tranquille et peu sportif.
Lire : Bouledogue Français : petit molosse au grand cœurOu encore le Chihuahua, très proche de son humain.
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Bonus : Top 7 des races de chiens les plus affectueuses
Leçons d’un phénomène unique : ce que nous enseigne le “boom Covid”
Ce grand mouvement d’adoption post-Covid est un miroir de nos émotions collectives. Il montre à quel point le lien homme-animal peut être fort… mais aussi fragile si mal anticipé.
Il nous rappelle que l’adoption ne doit jamais être un acte impulsif, aussi noble soit-il. Elle implique :
Une réflexion profonde sur son mode de vie.
Une connaissance des besoins de l’animal.
Un engagement de plus de 10 ans en moyenne.